Prologue
Mon père est mort, mais je ne veux pas me souvenir de cette date, bien trop triste à mes yeux. Je préfère me rappeler sa naissance, le 1er février 1947, à Paris dans le 15ᵉ arrondissement. Ce que je choisis de garder en mémoire, c’est ce moment particulier, la nuit de son départ. Je l’ai senti venir me voir.
Je me souviens lui avoir dit :
- Tu es là ?
Il m’a répondu :
- Oui, tu croyais que j’étais où ?
- À l’hôpital… ai-je murmuré.
Il ne m’a pas répondu. Je me suis levée, je l’ai pris dans mes bras et je l’ai serré très fort. Puis il a remarqué le téléphone de ma mère, posé en équilibre sur la table, prêt à tomber. Et il lui a dit :
- Attention, ton téléphone va tomber, Christiane.
Nous étions là, tous les trois, tranquillement installés à table, comme si le temps s’était suspendu, dans une parenthèse d’éternité.
Chapitre 1 : L’annonce…
Ce matin-là, je me réveille avec une étrange intuition. Une sorte de pressentiment me traverse. Je pars acheter des chocolats pour le personnel du service où mon père est hospitalisé, mais je ressens déjà que ce geste ne sera peut-être pas nécessaire. Comme si, en allant les acheter, je cherchais à conjurer un mauvais sort, à éloigner les pensées sombres.
Le téléphone sonne. Il est tôt. Je suis sur la terrasse de mon appartement, seule avec mes pensées. Pourtant, ma mère et mon fils sont là, tout près. Le téléphone continue de sonner et une peur me glace le corps. Je finis par décrocher. Le médecin se présente, et déjà, je sais. Je sais ce qu’il va dire avant même qu’il ne prononce un mot, parce qu’il est le seul autorisé à annoncer ce genre de nouvelles… je le sais car un temps j’ai été aide soignante.
La nouvelle tombe. Mon père est parti. Je ne ressens rien. C’est le calme avant la tempête. Le médecin continue de parler, me demandant de venir identifier son corps, de récupérer ses effets, et me conseillant de trouver rapidement une entreprise de pompes funèbres. Il faut libérer la place… Les mots défilent, mécaniquement, c’est insupportable. J’ai envie de crier, de hurler, mais tout reste bloqué à l’intérieur. La douleur est là, prête à éclater, mais je me sens incapable de me rendre à l’hôpital, incapable de voir le corps de mon père. C’est inimaginable.
Alors j’appelle mon oncle, son frère. Je lui annonce la nouvelle et je lui demande d’y aller à ma place. Il accepte. C’est lui qui mènera les chocolats au personnel.
Chapitre 2 : Sa présence après sa mort…
Mon père était une figure centrale dans ma vie. Il m’a appris tant de choses, et je prends plaisir à transmettre ses enseignements à mon fils. Pourtant, il n’a pas eu la retraite qu’il espérait. Ma mère, malade, a nécessité toute son attention. C’était son choix de s’occuper d’elle, mais cela l’a épuisé. Il est mort prématurément, et j’ai fini par accepter ce destin.
Le jour de mon hospitalisation pour ma SCP, mon oncle et ma tante sont venus me rendre visite. Alors que mon oncle s’apprêtait à partir, il m’a pris dans ses bras. À cet instant précis, je savais que ce n’était pas lui qui me serrait. C’était mon père. Cette étreinte était différente de toutes celles que j’avais partagées auparavant avec mon oncle. C’était mon père qui, à travers lui, me serrait contre lui.
C’est une expérience qui m’a profondément marquée. Si vous avez vécu des moments similaires, n’hésitez pas à les partager ici. Ensemble, nous avançons avec le sourire.
Conclusion
Mon père disait souvent :
Je n’ai rien fait dans ma vie, je me demande pourquoi je suis là…
Il se sentait étranger à ce monde, comme en quête d’un sens qu’il n’a jamais trouvé. Ce manque de sens, je l’ai hérité de lui. C’est peut-être pour cela que j’ai eu, moi aussi, du mal à accepter ma maladie. Elle semblait être un obstacle à la vie que je voulais mener, une rupture incompréhensible. Mais récemment, avec ce blog et Instagram, tout s’est aligné. Le sens est venu de lui-même, comme une réponse à cette quête perpétuelle que mon père et moi partagions.
Aujourd’hui, je suis enfin en paix avec ce que je vis. Je ressens un immense soulagement, un épanouissement profond. C’est comme si, à travers la maladie, j’avais trouvé un sens plus grand à ma vie. Un sens que je n’avais jamais imaginé, mais qui est maintenant là, juste, présent.
Ce soir encore, je sens sa présence, comme s’il me disait qu’il est temps de le libérer, de le laisser partir en paix. Et je crois que je suis prête à le faire, par amour pour lui.
Ma mère m’a confié un souvenir précieux : lorsque mon père était dans la salle de bain, il aimait danser pieds nus sur la musique de Cesária Evora, Petit Pays. Cette image de lui, légère et insouciante, me rappelle ce que je cherche moi aussi à retrouver, malgré la maladie. Ce souvenir est un trésor, et aujourd’hui, quand j’entends cette chanson, je mets la musique et je danse avec lui. C’est une manière de célébrer la vie, malgré tout.
Dansons ensemble, si vous le souhaitez. Honorons ceux que nous avons aimés et continuons à avancer, même avec la maladie, toujours avec le sourire.
https://youtu.be/DeLUGn7qYP8?si=L9FEwOcHQ66nl-gM
Madame Parkinson